Mon père était tunisien. Ma mère était européenne. Mon père était arabe. Quand ma mère est morte, j’ai trouvé des lettres, chez elle, qui m’étaient adressées. Qu’elle ne m’avait jamais remises. Dont elle ne m’avait pas parlé, mais qu’elle avait archivées dans une enveloppe sur laquelle elle avait inscrit : « Père de Myriam » Elle a occupé toute la scène de mon enfance et de mon adolescence, cette folie maternelle. Mon père se tenait là, comme flouté, comme ces négatifs photographiques que ma mère n’avait pu se résoudre à jeter. Il est vrai : elle l’avait refoulé aux frontières, ce spectre, cet étranger, dont elle avait voulu effacer jusqu’au nom.
Ce monologue, construit autour de l’histoire familiale de Myriam Saduis, accompagné de mimes et de chansons, dit le refus de se laisser briser. Le grand Monde et les petits mondes sont ici emboités – paranoïa d’Empire et paranoïa des familles. Mais rien ne peut en faire taire le récit, vif, documenté, millimétré.
Un grand moment de théâtre. [...] Au total une confession lucide, sans exhibitionnisme, sur une douleur lentement maitrisée, une réflexion toujours actuelle sur le racisme ordinaire et un art, impressionnant, du récit et de la présence scénique. Chapeau !RTBF
Quand : Du 23 au 27.mai 2023
Où : La Ferme / Studio 12