Hadelin de Beer

Raconte-nous ta rencontre avec Ottignies-Louvain-la-Neuve, Pôle culturel ?

Arrivé à Louvain-la-Neuve à la fin des années 1970 pour y faire mes études, je ne l'ai plus quittée et j'habite aujourd'hui le quartier de la Baraque. Ingénieur civil, j'ai éprouvé le besoin de m'ouvrir à d'autres horizons et j'ai aussi fait des études de philosophie. Je ne suis pas un artiste, plutôt un amateur, curieux de toutes les expressions artistiques ; j'aime répondre aux sollicitations de mes amis et connaissances qui créent, qui exposent, qui organisent, pour des découvertes nombreuses et souvent passionnantes. Comme étudiant et comme habitant, j'ai pu avoir accès à une incroyable richesse culturelle, qui est sans conteste une des signatures d'Ottignies-Louvain-la-Neuve.

Pourquoi, selon toi, Ottignies-Louvain-la-Neuve mérite-t-elle son statut de Pôle culturel ?

Je suis frappé par le fait que les habitants de notre ville ne sont pas seulement des consommateurs mais veulent participer, organiser, produire par eux-mêmes. Cela peut aller jusqu'à la diffusion : je me souviens que quand les cinémas ont fermé, certains passionnés qui ne se résignaient pas à une vie sans films ont tenté de reprendre les cinémas puis y ont organisé un ciné-club. Le politique est là pour encourager ce terreau existant, cette population qui a envie d'ouverture, de création, en mettant des lieux et des dispositifs à sa disposition.

Qu’est-ce que le mot « Culture » évoque pour toi ?

L'art sous toutes ses formes, par les émotions ou interrogations qu'il provoque, invite au dialogue qui, selon moi, contribue grandement à faire société. Il existe certes une culture qui entre dans les foyers via la télévision, Internet, etc., pour être reçue par les individus, et elle est très importante. Mais un individu qui veut partager sa culture avec d'autres, la fait rentrer dans une autre dimension, c'est le dialogue créatif qui pousse à sortir de chez soi pour partager, s'exprimer ensemble.

Une "Culture" pour tous ?

Une partie de la population se sent à l'aise dans cet univers-là, qu'il s'agisse de fréquenter l'offre culturelle ou de contribuer à la produire. Mais d'autres habitants restent – ou se sentent – en dehors, peut-être pas « autorisés », réticents pour des tas de raisons. Il faut bien sûr les respecter mais il ne faut pas cesser de leur proposer d'entrer dans la ronde du dialogue. Pour réduire cette marge entre les citoyens, sans forcer la main à personne. Ce n'est pas gagné, ce n'est pas facile mais c'est un beau rêve.